FENVAC
Accueil ] Remonter ] LCVR ] FNATH ] [ FENVAC ] AFT ] AFH ] Génération glisse Protection ]

 

 

 

FENVAC - SOS Catastrophes

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

Association ˆ but non lucratif régie par la loi de 1901

 

Des victimes à l'écoute

des victimes

N° Vert 0 800 60 50 40

 

Nous voulons qu’ils ne soient pas

morts pour rien.

 

 

ECOUTE

ENTRAIDE SOLIDARITE

SECURITE

VERITE JUSTICE

MEMOIRE

 

FENVAC 7, rue Geoffroy Saint-Hilaire, 91000 EVRY

Tél. : 01 60 77 82 85 - Fax. : 01 60 78 35 51

 

La FENVAC, qui regroupe les victimes de trente cinq accidents collectifs graves et catastrophes de ces dernières années (liste en page 2) milite contre les tentatives de dépénalisation de l'homicide involontaire.

 

 Communiqué du 24 / 11 / 99 (ˆ l'occasion du congrès des Maires de France)

Communiqué du 07 / 02 / 2000 ( suite aux propos du Procureur général Burgelin ).

Lettre du 31 / 03 /2000 aux députés.

: Arguments des victimes.

 

FENVAC - SOS CATASTROPHES

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

 

Liste des accidents collectifs dont les victimes ou leurs associations participent à la FENVAC

au 19. 02. 2000

 

Réf. LA 049912

 

- AIGHION (Grèce) 15 juin 1995. Tremblement de terre.

Effrondement d'un hôtel pour " insuffisance de ferraillage ". 26 morts dont 10 touristes français.

 

- BARBOTAN (Gers) 27 juin 1991.

Incendie des thermes. 21 morts, 10 blessés.

 

- BEAUNE (Côte d'Or) 31 juillet 1982.

Accident d'autocar sur l’autoroute A6, suivi d’un incendie.

53 victimes dont 44 enfants.

- BLAYE (Gironde) 20 août 1997.

Explosion d’un silo à grains. 11 morts.

 

- BOGOTA (COLOMBIE) 20 avril 1998.

Crash d’un Boeing équatorien affrété par Air France.

7 français parmi les 53 morts.

 

- BRUZ (Ille et Vilaine) 26 juin 1993.

Incendie d'une clinique. 20 morts.

 

- CAP SKIRRING (Sénégal) 9 février 1992. Crash d'un avion du Club Mediterranée. 30 morts, 26 blessés.

 

- CHAMPS ELYSEES Paris, 13 juillet 98. Voiture  folle dans la foule, la nuit du "Mondial". 1 mort, 35 blessés.

 

- CRæTE DU LAUZET (Hautes Alpes) 23 janvier 1998.

Avalanche "des Orres" sur une classe de découverte circulant hors piste. 11 morts dont 9 enfants et 9 blessés graves.

 

- DIJON : 4 décembre 1999. Explosion d’un immeuble due au gaz. 11 morts, 3 blessés.

 

- DRAC (Isère) 4 déc. 1995. Lâcher d’eau d’un barrage EDF sur sortie scolaire. 6 enfants et un adulte noyés.

 

- FURIANI (Haute Corse) 5 mai 1992. Effondrement d’une tribune du stade. 17 morts et plus de 2000 blessés

 

- GARE DE LYON (Paris) 27 juin 1988. Collision ferroviaire. 56 morts. 57 blessés.

 

- HABSHEIM (Haut-Rhin) 26 juin 1988 . Crash d'un Airbus A320 d'Air France. 3 morts.

 

- ISSY LES MOULINEAUX (Hauts-de-Seine)

24 .12.1987. Collision ferroviaire 1 mort - 30 blessés.

 

- IVATO (Madagascar) 18 juillet 1995. Crash pour surcharge d’un DC3 de l’armée malgache. 36 morts dont 20 médecins et infirmiers français d’une mission humanitaire.

 

- LA CALADE (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône).

8 avril 1993. Un train percute un mini-bus de sortie scolaire.

4 morts dont 3 enfants et 7 blessés.

 

- MASSY (Essonne) 4 octobre 1990. Explosion d’un immeuble due au gaz. 7 morts, 8 blessés graves.

 

- MELUN (Seine-et-Marne). 17 octobre 1991.

Collision ferroviaire. 17 morts et 54 blessés dont 6 graves.

 

- MERVANS (Saône-et-Loire) 4 décembre 1992. Trois jeunes filles fauchées par l’express Strasbourg Lyon.

 

- MIRAMBEAU (Charente-Marit.). 10 novembre 1993

Autoroute A10. Carambolage dé à des camions.

Incendie général. 15 morts, 49 blessés.

 

- Le MONT PERDU (Espagne) 19 juillet 1998. Deux Français écrasés par un énorme bloc de glace dans une grotte touristique. L’enfant est tué, sa mère blessée.

 

- NICE (Alpes-Maritimes). 26 janvier 1994. Casino Ferber

Effondrement de la dalle formant plafond. 3 morts, 97 blessés

 

- PIC DE BURE (Hautes Alpes) 1er juillet 1999. Chute de la cabine du téléphérique de l’Observatoire. 20 morts.

 

- Le RAID VERT (Puy de Dôme) 28 avril 1992.

Randonnée pédestre dans le massif du Sancy. 2 morts.

 

- ROQUEMAURE (Gard) 10 juillet 1995.

Autoroute A9, un autocar se couche sur la glissière de sécurité. 22 morts, 32 blessés.

 

- RUE LAROCHE à Bordeaux (Gironde). 24 octobre 1993. Explosion due au gaz. 3 morts, 2 brûlés graves.

 

- RUE LECOURBE à Paris. 4 septembre 1997.

Explosion due au gaz. 53 blessés.

 

- SAINT DOMINEUC (Ile et Vilaine) 26 avril 1998.

Collision en plein vol de deux Fouga de la compagnie rennaise Yankee Delta. 4 morts.

 

- SAINT ISMIER (Isère). 5 décembre 1994. Autoroute

A 41. Carambolage dé à des travaux. 5 morts, 11 blessés.

 

- SALAZIE ("le de la Réunion). 5 septembre 1996. Crash d’un Cessna de tourisme. 4 morts.

 

- TUNNEL DU MONT-BLANC (Haute-Savoie) 24 mars 1999.

Un camion prend feu au km 6. Un gigantesque brasier entraîne la mort de 39 personnes.

 

- VARZY (Nièvre) 17 septembre 1996. Camion contre

autocar scolaire. 3 morts, 11 blessés.

 

- VAUJANY (Isère) 13 janvier 1989. Chute d’une cabine

de téléphérique. Huit morts.

- ZIESAR (Allemagne). 16 octobre 1996. Un autocar français percute un camion polonais. 3 morts, 4 blessés.

 

FENVAC - SOS CATASTROPHES

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

 

Mercredi 24 novembre 1999.

Communiqué

 

 

A PROPOS DU CONGRES DES MAIRES DE FRANCE

 

Le risque zéro d’être poursuivi n’existe pas.

 

Les maires de France réunis à Paris font savoir haut et fort que les poursuites engagées contre eux par la justice pour infractions pénales sont devenues insupportables. Selon eux, c’est la cause principale de la désaffection envers la fonction : un tiers des maires refuseraient de se représenter. On nous a déjà avancé cet argument pour justifier la loi du 13 mai 1996, qui a instauré discrètement une inégalité des Français devant la loi au bénéfice des élus (dont les maires) et des fonctionnaires (dont les préfets), et en inversant la charge de la preuve, a institué contrairement à toute l’évolution du droit français la présomption de leur irresponsabilité.

 

Malgré ces dispositions, il y aurait, disent-ils, huit cents maires mis en examen. Encore que cela ne représente que deux à trois pour cent de la population des maires, il serait intéressant d’en connaître les raisons : car l’infraction pénale peut aller de faux et usage de faux, au détournement de fonds publics, en passant par la prise illégale d’intérêts et .. la négligence ayant entra"né un homicide involontaire.

 

C’est ce dernier point que les maires mettent en avant pour obtenir un nouvel adoucissement de la loi, c’est justement sur ce dernier point que nous, représentants des victimes d’accidents collectifs et de catastrophes de ces dernières années (dont liste jointe) jugeons essentiel d’intervenir, face à ce puissant lobby qui argue pour sa défense que " le risque zéro n’existe pas ", et qui constate avec amertume que le risque zéro d’être poursuivi n’existe pas non plus.

 

Nous ne croyons pas qu’il existe un accroissement sensible des poursuites pénales des maires de communes pour cause d’accidents, mais bien plutôt de la perception qu’ils en ont, en raison de la médiatisation de certaines de ces affaires particulièrement douloureuses, et de leur volonté d’y donner le plus grand écho pour préparer les citoyens à une nouvelle amnistie préalable.

 

Ils ne sont pas les seuls à agir en ce sens aujourd’hui. Une très forte pression s’exerce actuellement à la veille du vote de la réforme de la justice préparée par Elisabeth GUIGOU, et elle vient de plusieurs professions dont les membres sont susceptibles d’être poursuivis pour homicide involontaire dans l’exercice de leur fonction. Nous n’en voulons pour preuves que les colloques organisés ces dernières semaines par les enseignants et par les médecins sur le thème de leur responsabilité pénale et par la réflexion mise en place au Conseil d’Etat (commission MASSOT) sur celle des décideurs publics.

 

Pourtant notre société est fondée sur la responsabilité individuelle : chacun est responsable de ses actes, chaque citoyen, dont le maire, le préfet, le médecin, l’enseignant, le chef d’entreprise... Et lorsqu’on a une telle fonction d’autorité, on sait que l’on est porteur d’une responsabilité sociale. Cette responsabilité, on l’assume chaque jour à travers toutes les décisions que l’on prend. Chacun sait qu’elle est valorisante, que c’est une source de profonde satisfaction, de fierté, d’accomplissement de sa vie et de la personnalité. On conquiert ainsi sa place dans la société.

 

Il est inconcevable d’imaginer qu’on puisse ainsi bénéficier tous les jours de la situation que l’on a la plupart du temps voulue, choisie, en tout cas acceptée, que l’on bénéficie au passage des avantages divers — et des revenus — liés à une fonction d’autorité, et que l’on en rejette l’aspect pénal qui en découle, lorsque l’exercice de cette responsabilité a conduit à des blessures ou à la mort d’une ou de plusieurs personnes. Le risque existe dans toutes les fonctions où l’on est amené à exercer une autorité, ou à prendre des décisions, et les personnes qui exercent ces fonctions ne peuvent pas prétendre l’ignorer. Seuls les chefs d’entreprise assument leurs responsabilités sans songer à protester des risques qui y sont attachés.

 

Si les juges recherchent les fautes commises, c'est que l'intérêt public le commande. Nombreuses sont les populations exposées aux risques d'accidents collectifs. Nous sommes bien obligés de faire confiance aux personnes chargées d'organiser notre sécurité, et n'avons aucun moyen de contrôler leur travail. Leur manque de vigilance peut entraîner des dizaines de victimes.

 

L'intérêt général est donc que la justice fasse ce travail méticuleusement, car la société doit défendre ses enfants, et elle le ferait bien mal en cédant à la volonté de tous ces corporatismes de s’exonérer de leur responsabilité pénale.

 

 

Jacques BRESSON

délégué général.

 

______________________________________________________________________

FENVAC 7, rue Geoffroy Saint-Hilaire, 91000 EVRY - Tél.: 01 60 77 82 85 - Fax.: 01 60 78 35 51

 

 

FENVAC - SOS CATASTROPHES

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE / Lundi 7 février 2000

 

La conspiration des élites

en vue de dépénaliser l’homicide involontaire.

 

 

La Fédération Nationale des Victimes d’Accidents Collectifs - SOS Catastrophes, qui rassemble aujourd’hui les victimes de trente cinq accidents collectifs graves ou catastrophes de ces dernières années, s’élève vigoureusement contre les multiples manoeuvres visant à réduire ou à supprimer les poursuites pénales engagées à l’encontre des auteurs d’accidents, en raison d’une prétendue Ç pénalisation excessive de la société française È. Prétendue, parce que les vrais chiffres des poursuites pénales de maires ou d’enseignants sont très loin de ce qu’avancent leurs instances. Il s’agit donc d’un faux problème.

 

La presse nous apprend ce week-end que l’affaire du Drac pourrait être rejugée puisque le procureur général près la Cour de Cassation, Jean-François Burgelin, a annoncé samedi qu’il en demanderait la cassation, les fautes commises par les condamnés n’étant pas, selon lui, " suffisamment graves pour être reconnues comme pénales ".

 

Les parents des petites victimes sont ulcérés. Ils ont l’impression d’avoir accompagné la justice dans son long parcours pour rechercher la vérité, pour aller au fond de l’affaire, pour dégager et préciser les responsabilités, et pour sanctionner les auteurs de la mort des six enfants et de leur accompagnatrice. Ils pensent que l’arrêt de la Cour d’Appel en particulier est pédagogique, qu’il responsabilise toutes les personnes physiques et morales concernées et les incite à plus de vigilance, de façon à ce qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus. Grâce à lui enfin, ils peuvent avoir le sentiment que leur enfant n’est peut-être pas tout à fait mort pour rien.

 

L’intervention du procureur général Burgelin s’inscrit dans les nombreuses manoeuvres qu’on a vu se développer depuis un an. Les corporations dont les membres sont susceptibles d’être poursuivis ont en effet organisé des "réflexions" : maires des communes de France et autres décideurs publics, enseignants, médecins, etc... qui entendent se protéger par avance des conséquences de leurs fautes éventuelles et obtenir une amnistie anticipée. La présomption d’irresponsabilité qu’élus et fonctionnaires se sont fait voter par la loi du 13 mai 1996 ne leur suffit visiblement pas. Même si elle freine l’action des juges, elle ne leur interdit pas d’aller au fond des affaires et de dégager la responsabilité de toute personne impliquée dans les causes d’une catastrophe.

 

Aux  pistes déjà étudiées pour faire taire une fois pour toutes ces victimes qui dérangent tout le monde. la réduction du champ des délits en introduisant la notion de lien direct, ( que le Sénat a voté le 27 janvier), l’extension de la responsabilité pénale des personnes morales ( poursuivre davantage la mairie que le maire), Monsieur Burgelin ajoute une barrière supplémentaire : la gravité de la faute. Et il s’en prend à un drame symbolique : qu’y a-t-il de plus grave en effet, en matière d’homicide involontaire, que la négligence qui provoque la mort de six enfants?

 

Le but de ces grandes manoeuvres et bien d’exonérer les différents décideurs des conséquences judiciaires de leurs actes. Et suprême finesse : en y faisant intervenir un haut magistrat, les hommes politiques tentent de se protèger d’avance contre l’accusation d’auto-amnistie qui ne manquera pas à juste titre de leur être faite.

 

Face à cette conspiration des élites de la nation, les familles des victimes de catastrophes, rassemblées par la FENVAC, ont le sentiment d’exprimer le point de vue de tous les citoyens. Car chacun peut avoir demain l’un des siens victimes de tels accidents. Ce débat est capital, tout le monde est concerné, et chaque citoyen doit réagir à ces manipulations.

 

 

Les familles des victimes d’homicides involontaires ne peuvent que s’opposer fermement à toute manipulation du code pénal actuel qui, en laissant le juge libre de poursuivre toute personne qui y a une part de responsabilité, permet que l’on puisse rendre justice aux victimes, et que l’on responsabilise chacun dans sa fonction pour améliorer la sécurité de tous. L'intérêt public est que la justice fasse ce travail méticuleusement, car la société doit défendre ses enfants, et elle le ferait bien mal en cédant à la volonté de tous ces corporatismes de s’exonérer de leur responsabilité pénale.

 

Jacques BRESSON

Délégué général

 

_______________________________________________________________________________

FENVAC 7, rue Geoffroy Saint-Hilaire, 91000 EVRY - Tél.: 01 60 77 82 85 Fax.: 01 60 78 35 51

 

FENVAC - SOS CATASTROPHES

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N / Réf. : JJMT/ JB / FV / 000328

 

Evry, le 31 mars 2000

 

 

Madame, Monsieur le Député,

 

 

 

 

Vous allez devoir vous prononcer mercredi 5 avril sur la proposition de loi " Fauchon " votée le 27 janvier dernier par le Sénat, et " tendant à préciser la définition des délits non intentionnels ".

 

A travers ce texte, et afin de réduire la responsabilité pénale des décideurs publics, les modifications envisagées du code pénal vont dans le sens d'une réduction de la poursuite pénale de tous les auteurs d'accidents, aboutissant à une dépénalisation de fait de l'homicide involontaire.

 

La liberté de la poursuite pénale est un élément essentiel de la prévention. Les diverses mesures avancées : la causalité directe, la gravité de la faute, la responsabilité pénale des personnes morales, la preuve du délit à la charge de l'accusation etc.... sont autant d'obstacles à la liberté des juges d'établir la vérité et de dégager toutes les responsabilités, de barrières sur le chemin de la justice et de la sécurité.

 

Aussi nous, victimes et familles de victimes de ces accidents collectifs graves qui, par l'émotion qu'ils provoquent et leur retentissement médiatique, sont au centre de ce débat, nous simples citoyens ayant subi les terribles conséquences de ces infractions, nous élevons contre toutes ces dispositions et vous demandons solennellement de ne pas modifier le code pénal.

 

S'il laisse au juge la liberté de poursuivre, il l'oblige également à apprécier la responsabilité de l'auteur sur la réalité des faits et non en raison de sa fonction (loi du 13 mai 1996). Ainsi, on ne peut craindre aujourd-'hui aucune poursuite qui ne soit justifiée à la fois par une infraction pénale et par un lien de causalité.

 

Nul doute que l'adoption de ces dispositions par votre assemblée serait ressentie par l'ensemble de la population comme une volonté d'exonérer l'élite de la nation de ses responsabilités, et d'accorder à tous une amnistie anticipée.

 

Nous vous soumettons sous ce pli une réflexion que les victimes ¾ uniquement préoccupées par la prévention des accidents ¾ ont rédigée pour étayer la présente requête.

 

Nous vous remercions vivement de bien vouloir y porter toute votre attention, et vous prions de croire, Madame, Monsieur le Député, à l'assurance de notre haute considération.

 

 

 

 

Jacques BRESSON Jean-Jacques MENGELLE-TOUYA

Délégué général Président

 

 

P.J. : 2 - au verso : liste des accidents dont la FENVAC représente les victimes

- réflexions et arguments des victimes.

 

 

____________________________________________________________________________

FENVAC 7, rue Geoffroy Saint-Hilaire - 91000 EVRY - Tél.: 01 60 77 82 85 Fax.: 01 60 78 35 51

FENVAC - SOS CATASTROPHES

FEDERATION NATIONALE DES VICTIMES D'ACCIDENTS COLLECTIFS

 

 

N / réf. : ID / ar 03

 

 

Réflexions et arguments

des victimes de catastrophes

 

 

Le sens de la loi actuelle

 

· La valeur première, essentielle de notre société, c'est la vie. Le droit dit qu'il est interdit d'y porter atteinte : même involontairement, il est interdit de tuer. La loi est faite pour protéger la vie des gens.

 

· Protéger la vie, cela veut dire tout aussi bien ne pas boire d'alcool avant de prendre le volant, ou prendre garde à ce qu'un pot de fleurs ne tombe pas de notre balcon ; mais aussi ne pas prendre le risque de conduire une classe dans un milieu naturel sans en conna"tre les dangers, ni attendre qu'une catastrophe se produise pour remédier à un risque connu.

 

 

Intérêt de la procédure pénale

 

· La loi permet d'analyser toutes les causes d'une catastrophe, de dégager toutes les responsabilités sans en inventer mais sans en occulter, de souligner tous les comportements ou dysfonction-nements qui ont conduit à l'accident. Elle permet d'aller au fond des choses.

 

· La recherche de la vérité est un facteur de progrès, dont la procédure pénale est l'instrument. Elle seule peut déclencher une instruction, des enquêtes, des expertises, au terme desquelles le débat public permet que toutes les causes soient dites, et que des décisions soient prises pour remédier aux systèmes de sécurité défaillants.

 

· On affirme à tort qu'on cherche la vérité dans l'espoir de rendre plus supportables aux victimes les blessures et la mort. Bien sér, les victimes souhaitent toutes, -- n'est-ce pas naturel ? -- conna"tre les causes de leurs souffrances ou de la mort d'un des leurs. Mais si les juges recherchent ces causes, ce n'est nullement sous la pression des victimes ou de l'opinion, c'est que très nombreuses sont les populations exposées aux risques d'accidents collectifs. L'intérêt général est que la justice cherche avec précision les causes des catastrophes pour qu'elles ne se reproduisent pas.

 

· Ne pas poursuivre tous les responsables serait aussi oublier la valeur pédagogique de la sanction sur les auteurs potentiels : il suffit de regarder l'effet de l'aggravation des peines prévues pour les infractions en matière de circulation routière ou d'accidents du travail : la réduction du nombre des victimes est directement proportionnelle à la répression. L'action répressive du juge pénal va donc dans le sens d'une amélioration de la sécurité des citoyens et du bien-être de la société.

 

 

Intérêt du procès pénal

 

· Le procès est essentiel à la manifestation de la vérité : elle jaillit des débats, des déclarations contradictoires, des confrontations. Il importe donc que le procès soit complet, c'est à dire que toute personne impliquée dans les causes d'un accident en réponde : s'il y a faute (grave ou pas), s'il y a lien de causalité (direct ou pas), tous les acteurs ayant concouru à la réalisation du drame doivent être jugés. Si le procès se déroule en l'absence de certains responsables, c' est un procès tronqué qui ne permet pas d'accéder à la vérité, et n'est favorable ni à la justice ni à la sécurité.

· Seul le procès permet une approche publique de la vérité. Il est une garantie de transparence, d'approfondissement de la vérité, et le retentissement médiatique rassure les victimes sur le fait que rien ne sera dissimulé, que les leçons utiles seront tirées de la catastrophe, afin qu'elle ne se reproduise pas. Ne pas poursuivre, c'est accepter que ne soient pas rendues publiques les causes des catastrophes, c'est faire tomber une chape de plomb sur l'événement.

· Un procès complet donne en outre aux parents des victimes le sentiment d'avoir tout fait pour que justice soit rendue aux victimes décédées. Car ils attendent le procès comme un grand moment : il doit répondre aux questions qu'ils se posent, leur reconnaître leur état de victimes, rendre justice aux personnes décédées, être pédagogique. Ils espèrent unanimement qu'il fera la lumière sur les circonstances exactes du drame. La connaissance de la vérité est un élément essentiel du processus de deuil, parce qu'il fait sortir la catastrophe du registre irrationnel.

 

Intérêt de la sanction pénale

 

· Les sanctions prévues pour les auteurs ¾ quels qu'ils soient ¾ signifient : il faut faire attention, il faut prendre toutes les précautions dans vos actions pour ne pas porter atteinte à la vie des gens. La procédure et la sanction pénales ont une valeur pédagogique.

 

 

Ce ne sont pas les victimes qui poursuivent

 

· On essaie de faire croire que le moteur de l'action publique et de la répression, c'est la charge émotionnelle qui entoure les victimes de catastrophes. Ce ne sont pas les victimes qui organisent les poursuites, c'est le Parquet, dans l'intérêt public.

 

 

La réforme

 

 

· Il y a de la part des décideurs publics un sentiment d'excessive pénalisation, que la réalité des chiffres ne justifie pas, mais qui provient d'une médiatisation croissante. On se trompe de cible en voulant réduire la pénalisation.

 

· On veut changer la loi, non pour en améliorer les effets, mais pour éviter que la justice poursuive quelques coupables, qui dans l'exercice de leur fonction ou profession, ont commis le délit d'atteinte involontaire à la vie. Or la loi actuelle protège déjà les décideurs en limitant leurs responsabilités aux diligences normales de l'exercice de leur fonction. La réforme envisagée tend à surprotéger ces fonctions ou professions, plutôt qu'à exalter parmi leurs membres l’esprit de responsabilité.

 

· Il est inconcevable d'imaginer qu'on puisse bénéficier tous les jours de la situation que l'on a la plupart du temps voulue, choisie, en tout cas acceptée, que l'on profite au passage des avantages divers ¾ et des revenus ¾ liés à une fonction d'autorité, et que l'on en rejette l'aspect pénal qui en découle.

 

· Il serait dangereux de supprimer ce garde-fou qui protège toute la population en exonérant de leur responsabilité pénale ceux qui dans leur fonction ont justement pour mission ou pour contrainte la sécurité de leurs concitoyens.

 

 

Effets négatifs de la réforme

 

 

· Cette proposition ne peut qu'entraîner sérement une déresponsabilisation des acteurs de notre société, à titre individuel — par routine, bêtise, ou veulerie... —, comme à titre collectif ou institutionnel —par carences des procédures, des contrôles et des retours d'expérience. La conjonction de ces facteurs délétères constitue la source de toutes les catastrophes collectives qui ne relèvent jamais de la simple fatalité.

 

Effets négatifs sur la sécurité :

 

· La recherche de la seule responsabilité "directe" est un retour à la justice du lampiste, destinée à protéger tous ceux qui en amont du drame ont été des maillons défaillants de la cha"ne de sécurité, ou qui n'ont pris aucune mesure de précaution pour l'éviter. C'est un danger pour la sécurité de tous.

 

· Une catastrophe n'est jamais le résultat d'une seule "erreur humaine". Poursuivre le seul exécutant déresponsabiliserait l'ensemble des autres acteurs.

 

· On sait l'influence bénéfique sur le nombre d'accidents du travail qu'a eue il y a 25 ans la responsa-bilisation des chefs d'entreprise. Il est certain que si par malheur la proposition de loi du Sénat était votée, elle aurait sans doute l'effet inverse : le nombre d'accidents du travail réaugmenterait.

 

· Pour la même raison, si l'on déresponsabilise les élus, les fonctionnaires, les enseignants, les médecins, cela produira le même effet à grande échelle.

 

· Le flou des propositions de modifications : la causalité "directe", la faute "grave" laisse la porte ouverte à toutes les interprétations en faveur d'une justice rendue à la tête du coupable.

 

· Cette réforme entérinerait les arguments constants des auteurs d'accidents : c'est la fatalité, le risque zéro n'existe pas, il n'y a pas de délit sans intention de le commettre, on ne doit poursuive pénalement que les fautes moralement répréhensibles, etc...

 

 

Effets négatifs sur la justice due aux personnes décédées

 

 

· Cesser de poursuivre pénalement ceux qui portent atteinte à la vie, même involontairement, vouloir juger du drame devant une juridiction civile, c'est ramener la mort à des tôles froissées.

 

· Si on soigne une victime sans juger les coupables, la victime ne guérira jamais. Seul l’acte de justice peut achever le processus de réparation.(1)

 

· C'est l'honneur d'une société que de rendre justice à la mémoire de ses victimes. Une société qui accepte que les siens meurent par hasard, sous le coup de la fatalité, n'est pas respectable puisqu'elle ne protège pas la vie de ses enfants.

 

 

Sur la gravité de la faute

 

 

· On a coutume de dire qu'on juge la faute commise et non ses conséquences. Or, nous affirmons qu'une négligence est d'autant plus condamnable, et donc la faute pénale d'autant plus grave, que les conséquences en sont plus dramatiques. Il va de soi que plus les conséquences prévisibles de nos actes sont graves, plus il est fautif de les commettre.

 

 

Conclusion

 

· C'est l'honneur d'un élu que d'assumer ses responsabilités, c'est aussi celui d'un fonctionnaire d'autorité, d'un enseignant à la tête de sa classe, comme de tout professionnel pour qui la sécurité de ses concitoyens est une obligation.

 

· S'il faut trouver une solution au réel préjudice que peut subir un élu injustement poursuivi, elle ne réside certainement pas dans des mesures de réduction pour tous de la poursuite pénale pour blessure ou homicide involontaire.

 

· N'est-ce pas plutôt à un vrai statut de l'élu qu'il faut réfléchir, afin d'une part de mieux définir sa mission et ses responsabilités, mais d'autre part de répondre à cette demande forte de la population d'une autorité vigilante qui assure la sécurité collective.

 

· Car ce qui importe aux citoyens, ce n'est pas tant d'avoir un responsable dans le box des accusés qui réponde des causes d'un accident, c'est qu'il existe un responsable de la sécurité afin d'éviter l'accident.

 

(1) (Phrases empruntées à l'argument de "Médecins du monde" sur la justice nécessaire après les massacres au Rwanda et en Yougoslavie.)

 

____________________________________________________________________________

FENVAC 7, rue Geoffroy Saint-Hilaire - 91000 EVRY - Tél.: 01 60 77 82 85 Fax.: 01 60 78 35 51