épidémies industrielles

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Les épidémies industrielles

 Depuis toujours, l’homme développe et utilise des objets et instruments pour améliorer ses conditions de vie. Depuis le XIXème  siècle s’est développée pour certains d’entre eux une production de masse qui les met à la disposition de tous, à tout moment,  en tout endroit et pour un coût faible. Comme souvent, cette plus grande disponibilité crée des avantages mais elle peut aussi amplifier les nuisances. C’est ainsi que les ravages de l’alcoolisme se développent quand le vin et la bière deviennent aisément transportables et d’un prix abordable. A cette plus grande disponibilité correspond souvent une diminution, voire une perte du contrôle social de l’usage. La consommation traditionnelle de bière artisanale, produite à l’occasion de fêtes et ne se conservant pas, a été remplacée par la consommation de bière produite par des brasseries industrielles, conditionnée dans des emballages permettant une longue conservation. Pouvant être consommée partout et à n’importe quel moment, elle devient un facteur majeur d’alcoolisation excessive et de dépendance alcoolique. Voilà un exemple caractéristique d’épidémie industrielle.

La mortalité par maladies infectieuses ne représente plus que 2% de la mortalité et les principales causes de décès sont aujourd’hui liées à des produits industriels, donc faits de « main d’homme », que sont le tabac, l’alcool, les aliments industriels, les véhicules automobiles et l’amiante.

Trois notions sont étroitement associées dans ce processus :

1.      la production industrielle qui se caractérise par :

o       la production de masse,

o       l’abaissement des coûts unitaires,

o       des investissements financiers importants.

2.      la promotion par la publicité, c'est à dire par une industrie de la séduction caractérisée par :

o       la capacité de répétition extensive de messages brefs capables de provoquer de véritables conditionnements,

o       l’usage de moyens financiers importants,

o       l’usage possible de méthodes qui s’imposent à l’esprit humain (télévision, affichage, cinéma, radio).

3.      La possibilité pour un individu ou un groupe de social de perdre la capacité de contrôler les conséquences de ce processus, avec la production de dommages massifs pour la santé.

Il s’agit donc d’un véritable changement des déterminants de la santé publique et les résultats spectaculaires obtenus dans le domaine du tabagisme et des accidents de circulation montrent que l’intervention des politiques publiques est essentielle et qu’il serait inconsidéré et inconséquent de laisser la responsabilité de la prévention à la seule responsabilité individuelle.

« Les gouvernements ont la responsabilité de la santé de leurs peuples. Ils ne peuvent y faire face qu’en prenant les mesures sanitaires et sociales appropriées » (Constitution de l’OMS)